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Capitale : Caracas

Président : Nicolas Maduro

Population : 28 047 938 habitants

Superficie : 916 445 km2

Densité : 30,7 habitants/km2

 

D’une économie agricole à l’exploitation du pétrole

 

Fondée en 1567 par un explorateur espagnol, Diego de Losada, la ville de Caracas a connu une croissance démographique constante basée sur une économie agricole pour atteindre une population de 50 000 habitants au début du XIXe siècle. Elle a été ravagée par un tremblement de terre ainsi que par la guerre d’indépendance de 1812. Il lui faudra ensuite presqu’un siècle pour revenir à sa population précédente, siècle marqué par la modernisation de la ville au moyen de la construction d’un chemin de fer, d’aqueducs, de systèmes d’éclairage de la ville ainsi que d’un premier développement résidentiel en dehors des limites de la ville coloniale. La population demeurée constante croit dramatiquement dans les années 1920  (Figure 3) au moment de la découverte du pétrole (92 000 habitants en 1920, 260 000 habitants en 1926 et 695 000 en 1950) alors que les travaux publics et les plans d’urbanisme stagnent.

 

La ville absorbe cette population de deux façons, soit par la séparation de la division parcellaire existante ou soit, grâce à l’arrivée de l’automobile, par la migration de la population aisée vers de nouveaux centres urbains situés à l’est (les municipalités de Chacao et de Baruta sont encore aujourd’hui les plus riches de Caracas). Aucun plan d’urbanisme pertinent ne sera toutefois apporté à la ville avant 1950 et  la création de la Commission Nationale pour l’Urbanisme (CNU) qui veillera au  développement urbain par l’implantation du Plan Regulador de Caracas. Plusieurs interventions prennent place dans cette décennie comme la rénovation du centre historique et la mise en place de nombreux programmes de logements sociaux. (Irazabal, 2008)

 

Développement de la ville formelle et informelle

 

Hardoy (1977), révèle que les villes coloniales et postcoloniales d’Amérique Latine, ont toujours possédé deux types d’urbanisation. La planification formelle, se limitant aux secteurs de l’administration, de l’économie et de la religion situés au centre-ville et la planification informelle, comprenant le reste du peuple, ignorée par l’élite à toutes les époques de l’histoire. Ce dernier type a donné forme à des barrios où les développeurs sont les familles et les communautés de voisinage. L’importante croissance urbaine qu’a connue Caracas au cours du dernier siècle lui confère alors le portrait idéal pour le développement majeur de ces quartiers informels. 

Caracas, Venezuela

District métropolitain de Caracas

 

Pays : Venezuela

 

Chef-Lieu : Libertador

 

Autres municipalités : Chacao, Baruta, Sucre, El Hatillo

 

Population : 4 850 000 habitants

 

Superficie : 1 930 km2

 

Densité : 2 513 hab./km2

Figure 1 : District métropolitain de Caracas

« It is not a mountain full of houses, it is a house the size of a mountain. Â»                            Urban Think Tank

Figure 3: Étapes de la croissance urbaine de Caracas

Densification informelle horizontale et verticale

 

Aujourd’hui, avec une occupation presque complète de la surface plane de la vallée de Caracas, c’est une croissance démographique interne de chaque barrios en raison de l’agrandissement des familles respectives que les habitants doivent gérer. Suite à des pressions économique, topographique et démographique, les barrios croient verticalement, c’est-à-dire par empilement de maison l'une par-dessus l’autre. Cette implantation précaire et peu sécuritaire est l’expression d’une très grande compétitivité du terrain disponible. Cette situation est la cause principale de l’informalité des favelàs. 

 

 

Croissance verticale dans le barrio Julian Blanco

Afin de subvenir aux besoins primaires des familles, certains étages sont loués, illégalement, ou servent d’espaces commerciaux, de production, de garages ou d’ateliers. Les différents commerces dans les barrios fonctionnent par une chaîne de vente.  Les commerces plus importants sont situés en périphérie et plus on monte au cÅ“ur des favelas, plus le coût des produits augmente. Les familles qui vivent donc éloignées des services sont défavorisées par leur éloignement et leur faible mobilité sociale et économique. L’eau potable devient alors plus chère que le pétrole! (Shröder, 2007)

Figure 4: Évolution spatiale des barrios de Julian Blanco (à droite) et La Montana (à gauche) 

Par exemple, le quartier de San Agustin, situé au centre est de la ville de Caracas, a commencé par être qu’un rassemblement d’une douzaine d’habitations temporaires en 1926, pour devenir un quartier de 45 000 personnes en 2001. La permanence du quartier s’est affichée principalement depuis 1950 par l’ajout d’infrastructures publiques, tels des centres communautaires. À l’image de nombreuses autres favelàs à travers l’Amérique Latine, le modèle de San Agustin est reproductible dans d’autres quartiers à Caracas.  Par exemple, la Figure 4 montre la morphogenèse de deux barrios situés dans le nord de Petare, dans la municipalité de Sucre (Figure 1). Sur ces schémas, on peut constater la densification horizontale qui s’est opérée pendant 15 ans où, à Julian de Blanco par exemple, la superficie au sol construite est passée de 22% en 1976 à 30% en 1985 puis 40% en 1990 par la construction de nouveaux bâtiments ou par l’extension de ceux existants. Il est important de noter que jusqu’à quatre étages ont été ajoutés sur certains bâtiments.

 

On peut dire que c’est à partir des années 60 que cette forme d’habitation prend de l’expansion et qu’elle continue depuis ce temps, dans un processus dynamique de consolidation et de densification sans aucune régularisation juridique du sol. En 1990, la population de Caracas atteint 3,5 millions d’habitants dont 40% vivent dans ces établissements informels, les favelàs. Aujourd’hui, ils vont jusqu’à se refléter dans les façades de verre des banques et des ministères, à se répandre dans les lits de rivières ou dans les anciens quartiers délaissés de la ville. Leur expansion future est toutefois limitée par la topographie aride de la ville et par le coût de transport qu’occasionne leur éloignement physique. L’urbanisation rapide de la ville fait également en sorte que les barrios plus anciens se situent maintenant dans les secteurs plus centraux de la ville ce qui leur permet d’intégrer quelques services commerciaux, aidés par l’implantation de lignes de métro qui desservent ces régions. (Jenks, 2000)

 

En effet, l’implantation de ce nouveau moyen de transport dans la ville, en 1982, par l’Office de Planification Municipale (OMPU), a permis la régénération urbaine de certains endroits clefs de la ville. Cependant, la faiblesse politique des organisations comme l’OMPU  empêche la mise  en application de plusieurs de leurs stratégies. En raison de l’incompatibilité  des différentes municipalités et un gouvernement marqué par la corruption et la mauvaise gestion, Caracas a grandement réduit la qualité de vie de sa population. De 1980 à 1993, les investissements dans le secteur de l’éducation ont diminué de 40%, de 70% dans le secteur immobilier et urbain et de 37% pour les services de santé. Le pourcentage de pauvreté a ainsi doublé durant cette période pour atteindre 66% de la population totale. (Carmona, 2009)

 

Comme la figure 5 le montre, plus les étages montent, plus la superficie est grande à cause de la topographie du terrain ce qui crée un apport moindre et parfois nul en lumière naturelle. (Jenks, 2000) De plus, la structure du bâtiment d’origine conçue pour un seul étage ne pourrait pas supporter tous ces étages supplémentaires en cas de désastre naturel.

 

Figure 5:Coupes des bâtiments étudiés dans le barrio La Montanita 

Malgré une dynamique sociale qui s’est créée entre les habitants par l’auto construction de leur milieu de vie, celle-ci n’est plus du tout supportée par la forme de leur quartier. Les différents espaces publics sont dangereux et ne possèdent aucun terrain sportif. Les architectes de Urban Think Tank (Shröder, 2007) affirment que les jeunes habitants du quartier, faute d’opportunités de pratiquer des sports ou autres activités, abusent plus facilement de drogue et se retrouvent souvent dans des situations dangereuses. Les cicatrices d’un manque d’urbanisme pertinent restent aujourd’hui profondément ancrées dans la ville de Caracas. Selon le magazine América Economia, le classement de la ville, a dégénéré pour terminer dernière en 2007 sur un total de 42 villes. Ce classement est expliqué principalement sur le fait que Caracas est la ville avec le plus grand nombre d’homicides sur le continent, qu’elle a un énorme retard au niveau des infrastructures routières et de transport causant ainsi un trafic important à l’intérieur de la ville mais également entre les villes et finalement à cause de la détérioration des services publics et de santé.

 

Un développement urbain durable doit alors être repensé afin de reconnaître la ville informelle comme une entité de croissance importante faisant partie de la ville entière et possédant certes sa propre histoire,  une dynamique sociale et une méthode de densification qui s’est montrée sensible et juste aux différents changements démographiques à Caracas.

 

La Commission de Planification Nationale (NPC), créée en 2006, par le parti politique du président de la république Hugo Chavez (1999-2013), répond à ce besoin d’intégrer tous les plans développés par les municipalités, les gouvernements provinciaux et les autres institutions gouvernementales. Le gouvernement croit nécessaire qu’un important investissement public dans les infrastructures et les services doive fonctionner comme moteur d’une importante transformation pour localiser la population dans les endroits clefs du territoire. Cette implication politique se poursuit aujourd’hui après la mort du président Hugo Chavez qui a été remplacé par son successeur Nicolas Maduro. (Carmona, 2009) De nos jours, de nouvelles organisations privées comme Urban Think Tank s’implique davantage dans le sort de Caracas en proposant des idées innovatrices répondant aux enjeux actuels de la ville.

Figure 2 : Types de développement

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