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Forme urbaine

 

La forme urbaine de Caracas a eu une grande influence sur le projet du MetroCable. Principalement monocentrique où cinq «doigts» rejoignent le centre-ville, la forme urbaine de Caracas génère une congestion incroyable. De plus, considérée comme la métropole du pétrole (0,16$ /litre source: International Business Time, Juin 2013) où l’essence coûte deux fois moins cher que l’eau, l’utilisation de l’automobile est ancrée dans les moeurs. Il devient alors impossible pour un réseau de transport en commun, souvent inefficace et peu fiable, de compétionner avec ce grand joueur.

Le projet MetroCable

 

Fiche technique

 

Coût total : ~265 million $USD

 

Coût du Metrocable : ~18 million $USD

 

Longeur du Metrocable : 2,1 km

 

Débit : 2400 personnes/ heure

 

Vitesse: 18 km/h

 

Capacité: 8 pers./cabine , 50 cabines

 

Coût d'un trajet : 500 Bs

 

Durée d'un trajet:  10 min.

 

Construit par : Austrian-Swiss partnership of Doppelmayr / Garaventa

 

Année de réalisation:  2010

Dans leur philosophie d’agir plus localement pour ensuite avoir une répercussion durable à plus long terme, le MetroCable dessert, pour le moment, seul le quartier de San Agustin au centre-ville de Caracas. Avec une population de 48 000 habitants sur environ 1,59 km2, la densité brute du quartier est de 301,8 personnes/hectare soit 26 fois plus que celle de la ville de Québec.  

 

 

Zoom sur le gymnase vertical
 
 

UTT vient agrémenter la diversité des quartiers par l’ajout de gymnases verticaux, concept qu’ils ont développé eux-mêmes pour répondre aux besoins d’infrastructures sportives dans les favelàs. Tel que leur nom le dit, leur particularité réside dans leur assemblage vertical, soit une accumulation de fonctions une par-dessus l’autre à la manière d’un «bloc de construction urbaine» (source ???). Leur plan de construction standardisé permet aux bâtiments de s'adapter à différentes situations. Le système de construction préfabriqué en acier est érigé sur le site et une rampe permet d'accéder à tous les niveaux, éliminant ainsi les coûts d'un ascenseur (Figure 12). La conception proposée par UTT intègre des matériaux recyclés, des tours éoliennes, des panneaux solaires ainsi qu'un système de collecte des eaux de pluie pour réduire l'impact environnemental et les coûts opérationnels. À ce jour, à Caracas, trois gymnases verticaux ont été réalisé (Chacao 2004, Baruta 2005-2009, El Dorado 2013) et un autre est panifié pour venir s’ajouter à la station LaCeiba du MetroCable et San Agustin. Le gymnase vertical préfabriqué peut être assemblé et construit en environ trois mois. Il peut s'installer au-dessus de tout terrain de sport existant - ou toute autre structure, permettant une disposition modulaire, structurelle et verticale d'installations d'athlétisme et de sports de plein air. 

UTT est en train de changer la façon dont les gens vivent en construisant des terrains de sport dans les quartiers pauvres. Ces quartiers ne disposent presque plus de place libre; les densités de population peuvent atteindre 768 personnes/ha, tandis que la violence est omniprésente et que les taux de criminalité atteignent des records. Le projet a pour objectif la création de nouveaux espaces communs, la transmission de valeurs telles que l'esprit sportif et la tolérance et l'encouragement des jeunes à se mesurer plutôt dans des sports de combat que lors de violentes batailles de rues. Par exemple, UTT affirme que depuis l’implantation du gymnase vertical Chacao, le taux de criminalité des environs a diminué de 30 % (site UTT). Il rend accessible aux habitants de bidonvilles la pratique d'activités, contribuant ainsi à prévenir la criminalité et à améliorer la santé des citoyens.

 

Chacao

 

Aire du site: 1000m2

 

Coût : 1,5 million USD$

 

4 couches de sport

 

Débit d’utilisation: 15 000 visiteurs/mois

 

*Ouvert 24h et 7 jours sur 7

Figure 12: Différents étages et usages du gymnase vertical

Analyse des intentions selon les 5 D
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Il est possible de décrire le projet selon les 5D de Ewing et Crevero (2010). Tout d’abord, ayant sans aucun doute la densité nécessaire pour soutenir des investissements en transport collectif, le barrio de San Agustin nécessite, en plus d’un nouveau réseau de mobilité, davantage d’infrastructures publiques pouvant desservir la population. Ce manque d’infrastructures autres que résidentiels font en sorte que la diversité du quartier est brimée. Par l’ajout de terrains de sport, salles communautaires, postes de police ou salle de théâtre aux stations du MetroCable, UTT propose d’augmenter la mixité du quartier.

Le design du quartier actuel contient beaucoup de petites rues piétonnes et pratiquement aucune rue accessible en voiture. Alors que ce modèle est normalement favorisé pour augmenter le déplacement piétonnier dans les quartiers occidentaux, dans le barrio de San Agustin les rues n’ont pas la forme adéquate qui facilite la marche, elles ne sont pas toutes sécuritaires et possèdent souvent un dénivelé important. Le projet de MetroCable apporte un nouveau moyen de bouger à travers le quartier de façon physiquement accessible et sécuritaire.

 

 

Le réseau du MetroCable, en forme de U, rejoint les points les plus hauts du quartier pour ensuite se connecter au réseau de métro souterrain déjà existant. De cette façon, il  favorise les deux derniers D, soit les destinations accessibles et les distances au transit. En effet, les stations sont maintenant intégrées à même le tissu des favelàs tout en étant connectées directement aux autres réseaux de transport de la ville. Il est donc beaucoup plus facile pour les personnes travaillant au centre-ville de se déplacer tous les jours.

 

«Our first task as designers is to catalyze the process of turning the growing metropolises in the southern hemisphere into a network of innovative nodes.»

                       Urban Think-Tank

Le MetroCable en réponse aux contraintes d’exclusion sociale

 

La topographie du quartier de San Agustin, comme la majorité des zones d’implantation des favelàs,  agit comme barrière physique pour une grande partie de la population. En apportant le metrocable jusqu’en haut des quartiers, les habitants habituellement brimés par ces contraintes, telles les femmes avec enfants, les aînés ou les handicapés, peuvent maintenant rejoindre facilement l’ensemble du quartier. Dans le but de concurrencer avec le prix du pétrole, mais aussi pour rejoindre les populations à moindre revenu, celles souvent exclues socialement, le MetroCable offre un mode de transport collectif à faible coût.   Alors qu’un trajet simple de MetroCable coûte seulement 500 BS (Bolivar Vénézuélien), soit l’équivalent d’environ 0.08$ CAN, celui en autobus  coûte 2 000 BS, donc 4 fois plus cher. De plus, si l’on considère qu’il était auparavant nécessaire de prendre au moins deux bus pour rejoindre le Parque Central (station de métro), maintenant le MetroCable vient simplifier les déplacements des résidents du barrios en leur permettant de rejoindre le centre ville en un seul trajet. La mobilité est donc facilitée économiquement et simplifiée fonctionnellement accordant à tous, une liberté de déplacement. Au niveau perceptuel, le metrocable offre un mode de déplacement beaucoup plus sécuritaire. À tout moment, les habitants sont maintenant liés à un système de transport fiable et efficace.

 

De plus, le débit de personnes dans les gondoles apporte de nouveaux regards protecteurs sur les quartiers qu’ils survolent augmentant ainsi la sécurité de plusieurs secteurs. Finalement, répondant aux contraintes spatio-temporelles existantes dans les favelàs, le trajet des habitants qui autrefois prenait 2h30 à pied, prend maintenant 20 minutes en MetroCable (7 fois plus rapide).

 

« Before, when there were sick people, you would imagine, just calculate more or less the distance to bring a person down the hill in the middle of the night with appendicitis or a pain or something to carry them to the hospital. Most of the time, they would have died. But now, with MetroCable, there’s the chance thaht the person gets down the hill in time to get to the hospital and is saved. »                                         témoignage d’un habitant de San Agustin

Nouveau réseau de mobilité = nouveau réseau social

 

En facilitant les opportunités de mobilité des habitants du quartier de San Agustin, UTT voulait générer de nouveaux réseaux sociaux dans un environnement dangereux et peu propice aux échanges. Les stations, bien qu’actuellement peu aménagées, se voulait de réels points d’attraction, jouant le rôle d’espaces publics pour tous. Espaces de rencontres, espaces sécuritaires, espaces de jeux, tous manquants dans les favelàs. Tel qu’expliqué dans les cadres théoriques, la liberté de mobilité permet de créer des interactions lesquelles permettent aux gens de se former un capital social fort. Ce capital social, sous la forme de connaissances ou ressources est essentiel à une inclusion sociale adéquate. En implantant une opportunité de se rendre au centre-ville facilement, mais surtout une opportunité de rencontres et d’échanges, les stations du MetroCable jouent un rôle clé.

 

 

Échelle locale, répercussion globale

 

Le projet du MetroCable de San Agustin agit comme précurseur d’une nouvelle approche du design urbain et de la mobilité dans la ville. Appliqué tout d’abord à l’échelle locale, le projet a des répercussions fortes sur le reste de la ville puisqu’on planifie actuellement l’implantation de davantage de cables pour connecter d’autres quartiers informels de la ville. Promouvant interdisciplinarité, diversité, liberté, à l’image des mots que l’on retrouve inscrits sur chacune des cabines, le MetroCable et l’approche intégrée de Urban Think Tank sont un bon exemple à l’échelle mondiale de design urbain sensible et novateur.

 

 

Figure 10 : Comparaison des superficies du Vieux-Québec et du Barrio San Agustin

Figure 11: Croquis conceptuel de la firme UTT

Figure 7 : Forme urbaine de Caracas sous la forme de cinq «doigts»

Figure 8: Position du quartier San Agustin dans la

métropole de Caracas

Figure 9: Implantation de la ligne du Metrocable avec la ligne du métro existante

Figure 13: Carte du métro existant et des lignes projetées de Metrocable

Réalisé en 2010 par la firme Urban Think-tank, le projet de Metrocable est le fruit d'une collaboration interdisciplinaire entre experts et habitants du barrio San Agustin afin d'améliorer la mobilité, mais également la qualité de vie des résidants.

Les Stations

 

 

 

L’utilisation du MetroCable comme nouvelle mobilité dans les développements informels a déjà fait ses preuves dans les Barrios de Medellin en Colombie. Par contre, à San Agustin, les stations du Metrocable sont plus que de simples points de transfert, elles deviennent de réel noeud social pour différents services et activités communautaires.  Les cinq stations ont en commun certains éléments de composition comme différentes plate-formes,  rampes d’accès, circulations, matériaux et éléments structuraux. Visant à facilité la mobilité des habitants de San Agustin, ces stations sont toutes accessibles et conçues pour les piétons. Au-delà de leur structuration de base semblable, chacune des stations agit comme «plug» où différentes fonctions peuvent venir s’y arrimer. C’est lorsque la fonction de mobilité (le MetroCable) est superposée à d’autres fonctions mixtes de la vie quotidienne (habitation, gymnase vertical, salle de concert, épicerie) que le noeud social est créé. Chaque station devient unique puisque chacune pourra accueillir une partie de cette nouvelle mixité apportée dans le quartier. S’inspirant des leçons apprises de projet comme celui du Long Island Expressway à New York, qui était déjà voué à l’échec avant même sa construction, ils ont pensé à la revitalisation du quartier de San Agustin en différentes étapes. De cette façon, le projet devient plus réalisable et s’adapte à travers le temps. Actuellement, le système de MetroCable ainsi que les cinq stations sont construites, mais théoriquement pas encore complétées et finalisées.

STATIONS SAN AGUSTIN et PARQUE CENTRAL

 

Ces deux stations sont celles se connectant directement à la ligne de métro existante. Leur implantation étant davantage au centre-ville, elles accueilleront des fonctions plus culturelles, sociales et administratives.

 

 

STATION LOS MANGUITOS

 

Cette station recevra prochainement 40 nouvelles unitées de logements dans le but de reconstruire des habitations pour les familles dont celles ont été détruites pour la construction du projet. De plus, elle devrait accueillir un centre de santé, un espace collectif aménagé ainsi qu’un terrain de sport dans les prochaines années.

 

 

STATION LA CEIBA

 

Connecté à la station, UTT a planifié un complexe regroupant garderie, supermarché et gymnase vertical. Ce complexe ajouté permettra de connecter l’ensemble de la station à un développement résidentiel à proximité ainsi qu’à un arrêt de bus existant.

 

 

STATION HORNOS DE CAL

 

Station perchée dans les hauteurs du quartier, elle offre, par une densité plus faible dans les environs, une plus grande flexibilité quant à son aménagement. Toutefois, on retrouvait sur le site de cette station un réservoir d’eau marquant le paysage et agissant comme repère identitaire dans le quartier. Dans le but de rappeler son existence, cette station comporte un belvédère d’observation où l’on peut observer de haut tout le quartier. [photo du gars qui regarde en bas] On planifie également lui ajouter un grand parc pour créer un espace public vert intéressant, chose qui n’existe actuellement pas dans le quartier.  

Belvédère de la station Hornos de Cal

Communauté résiliente, implantation durable

 

Dès le début de leur conception, Urban Think-Tank avait comme objectif de créer un projet sensible à l’environnement. Pour la communauté de San Agustin, cet aspect détient un rôle important puisque par leur informalité, ils ont toujours dû être indépendants au sein de la ville. Les idées de durabilité, recyclage et résilience sont bien ancrées dans leurs valeurs. Tout d’abord, par l’utilisation du des gondoles comme principal système de déplacement, cela a permis une implantation plus douce sur le territoire et un mode de transport à énergie relativement propre. Chaque gymnase au sein des stations produit également sa propre énergie à l’aide de panneaux solaires et d’éoliennes miniatures, rendant son implantation indépendante des systèmes de la ville. Les structures des stations, quant à elles, sont adaptées en fonction d’éventuels séismes. Finalement, celles-ci sont conçues pour résister à l’érosion forte causée par les pluies intenses de la région, mais aussi pour protéger les habitations en-dessous, en agissant comme bouclier. Ce dernier aspect est non-négligeable, sachant que chaque années les rues étroites et fragiles entre les favelàs sont soumises à ces grandes quantités d’eau.

 

 

Au lieu d’améliorer l’accessibilité et la mobilité du quartier de San Agustin par un nouveau réseau de routes qui aurait impliqué la destruction de centaines de maisons, UTT a proposé  aux planificateurs l’implantation d’un câble surélevé au-dessus du quartier.  Cette implantation est écologiquement plus responsable, agit également comme point de repère facilitant l’orientation et permet la conservation des maisons de plusieurs familles. 

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